Pour déterminer la capacité de prise en charge d’un laboratoire il faut analyser toutes ses ressources, notamment en termes d’infrastructures, de personnel et de finances, ainsi que les paramètres opérationnels tels que les postes de sécurité microbiologique (PSM), les réactifs, les coûts, le matériel de diagnostic moléculaire, les stocks de consommables, la chaîne d’approvisionnement, les formations, les vaccinations, l’assurance qualité, etc.

L’équipement d’un laboratoire est une ressource capitale qui détermine les prestations que ce laboratoire peut fournir à ses clients. Un sondage réalisé récemment (mi-2019) par l’OIE auprès des laboratoires vétérinaires et des Points focaux nationaux de l’OIE pour les laboratoires vétérinaires portait sur la maintenance des équipements des laboratoires vétérinaires. Au total, 136 Membres de l’OIE (soit 75 %) ont répondu à cette enquête, avec la participation de plus de 220 laboratoires répartis dans toutes les Régions de l’OIE.

Les équipements dont sont pourvus les laboratoires des Membres de l’OIE permettent-ils de faire face à des situations de crise ?

Les résultats préliminaires indiquent que les laboratoires vétérinaires possèdent globalement les équipements essentiels pour détecter et diagnostiquer les maladies animales ou zoonotiques les plus importantes. Le questionnaire portait sur 40 types d’équipement différents ; les pipettes comptent pour environ la moitié des équipements déclarés par les Membres, les machines PCR pour environ 4 % et les PSM pour 4 %.

Les équipements sont-ils en bon état de fonctionnement ?

Sur plus de 68 000 biens d’équipement déclarés lors de cette enquête, environ 21 % ne sont pas correctement entretenus et 48 % ne sont pas correctement étalonnés (Fig. 1). Dans la région Afrique la situation est particulièrement grave : près de 58 % des biens d’équipement ne sont pas correctement entretenus et 76 % ne sont pas correctement étalonnés. Sur l’ensemble des machines PCR déclarées dans cette enquête mondiale, près de 20 % ne sont pas correctement entretenues et 50 % ne sont pas correctement étalonnées. Le tableau est similaire pour les PSM : environ 24 % au plan mondial et 59 % dans la Région Afrique ne sont pas correctement certifiés.

Ces résultats interrogent la sûreté, la sécurité et la fiabilité des opérations réalisées au moyen de ces équipements dans les laboratoires vétérinaires.

A-t-on toutes les compétences sous la main pour maintenir ces équipements en bon état de marche ?

Malheureusement, dans certaines régions de l’OIE il n’est pas aisé de faire intervenir des personnes disposant des compétences nécessaires à l’entretien, à la réparation et à l’étalonnage de ces équipements ultra-spécialisés. Au plan mondial, les compétences pour entretenir et étalonner les équipements existent sur place pour 18 % des équipements, et dans le pays pour 73 % des équipements. Cependant dans la région Afrique les compétences pour entretenir et étalonner les équipements n’existent sur place que pour 10 % des équipements, et dans le pays pour 47 % des équipements.

Au plan mondial, 49 % des équipements de laboratoire résultent de dons, et cette proportion s’élève à 84 % dans la région Afrique. Ceci signifie souvent que les frais de maintenance, d’étalonnage, de réparation et de remplacement n’existent pas au budget des laboratoires.

L’OIE mène des actions de sensibilisation dans le cadre du Projet pour des laboratoires durables qui bénéficie du généreux soutien d’Affaires mondiales Canada [2], et l’Outil PVS pour des laboratoires durables amélioré aidera les Membres à se pencher sur les problèmes de pérennisation de leurs systèmes de laboratoires. Les résultats finaux seront rendus publics.

La conjoncture mondiale actuelle nous montre qu’il est fondamental de mieux préparer les laboratoires, et que le fait de posséder les bons équipements, entretenus et étalonnés régulièrement, est une composante essentielle des plans de préparation des laboratoires.
 

http://dx.doi.org/10.20506/bull.2020.2.3143