Perspectives Posté sur 2020-07-07 10:11:36
Opinions et stratégies
La filière porcine en Asie du Sud-Est et les défis de la gestion sanitaire
Mots-clés
Auteurs
Y. Qiu(1)*, L. Weber-Vintzel(1) & R. Abila(1)
(1) Représentation sous-régionale de l’OIE pour l’Asie du Sud-Est.
* Contact auteurs : y.qiu@oie.int
Modes de production
En Asie du Sud-Est, les porcs sont élevés dans différents environnements, depuis de petites unités familiales de porcs en divagation et de porcs de basse-cour jusqu’à de grands élevages intensifs, en passant par des élevages semi-commerciaux à petite et moyenne échelle. À ce jour, les petites exploitations porcines de basse-cour, sans mesures de biosécurité ou avec des mesures restreintes, représentent la pratique majoritaire et la plus vulnérable aux maladies. Dans les zones péri-urbaines, l’élevage de porcs devient de type plus intensif et ces exploitations sont généralement bien équipées et bien gérées, avec un niveau de biosécurité et de productivité élevé.
Pratiques commerciales
Le commerce de porcs est déterminé par la demande du marché et la fluctuation des cours. Traditionnellement, des négociants des villes, qui peuvent également être des responsables d’abattoirs ou des marchands de marchés, se rendent dans les villages pour acheter des porcs auprès des producteurs afin de satisfaire la demande locale. L’amélioration des infrastructures routières a également favorisé les échanges à grande distance entre les producteurs ruraux et les grandes villes, voire les marchés extérieurs. Toutefois, dans la plupart des zones, le suivi des mouvements d’animaux est difficile en raison de l’absence de systèmes de traçage performants et il existe de nombreux déplacements non réglementés. En outre, la propagation actuelle de la peste porcine africaine a des répercussions considérables sur le prix des porcs et de leur viande, qui entraînent des changements concernant les échanges et les déplacements, au plan local et international.
Difficultés en matière de lutte contre les maladies
La nature de la production porcine par de petits éleveurs et les flux d’animaux en Asie du Sud-Est ont créé des obstacles à une bonne mise en œuvre des stratégies de lutte contre les maladies. De nombreuses zones de production porcine manquent de ressources pour lutter contre les maladies, avec notamment un nombre insuffisant de vétérinaires. Les systèmes de traçage et d’inspection inopérants favorisent également la propagation des maladies par le biais des déplacements de porcs vivants et de leurs produits dérivés. De plus, les vecteurs passifs, tels que les camions ou les aliments pour animaux contaminés, peuvent eux aussi jouer un rôle. Les comportements humains sont souvent la cause sous-jacente de propagation de la maladie. Afin de parvenir à une approche durable pour la protection de la production porcine et la sûreté des échanges commerciaux, il est essentiel de sensibiliser davantage les acteurs de la filière porcine à la prévention et aux mesures prophylactiques et de promouvoir les bonnes pratiques en matière de biosécurité. Des équipes pluridisciplinaires comprenant des vétérinaires, des professionnels de l’élevage, des socio-économistes et des spécialistes de la communication sont nécessaires afin d’étudier la façon de modifier les comportements humains pour atténuer les risques de maladie. Cela revêt une importance particulière compte tenu de l’introduction et de la propagation récentes de la peste porcine africaine qui constitue une menace pour l’ensemble du secteur porcin en Asie du Sud-Est.
Plus d’informations sur la filière porcine en Asie du Sud-Est (en anglais) |
http://dx.doi.org/10.20506/bull.2020.1.3120