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Panorama PerspectivesEn quête d’un équilibre entre les bienfaits nutritionnels et les risques infectieux liés à l’élevage dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure

Perspectives Posté sur 2021-08-16 11:20:42

En quête d’un équilibre entre les bienfaits nutritionnels et les risques infectieux liés à l’élevage dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure

Auteurs

A.H. Havelaar(1)* & S.L. McKune(2)

(1) Professor, Emerging Pathogens Institute, Food Systems Institute and Department of Animal Sciences, University of Florida, Gainesville, FL (États-Unis d’Amérique).
(2) Research Assistant Professor, Department of Environmental and Global Health, Center for African Studies and Food Systems Institute, University of Florida, Gainesville, FL (États-Unis d’Amérique).

* Contact auteurs : ariehavelaar@ufl.edu

Les désignations et dénominations utilisées et la présentation des données figurant dans cet article ne reflètent aucune prise de position de l’OIE quant au statut légal de quelque pays, territoire, ville ou zone que ce soit, à leurs autorités, aux délimitations de leur territoire ou au tracé de leurs frontières.
Les auteurs sont seuls responsables des opinions exprimées dans cet article. La mention de sociétés spécifiques ou de produits enregistrés par un fabricant, qu’ils soient ou non protégés par une marque, ne signifie pas que ceux-ci sont recommandés ou soutenus par l’OIE par rapport à d’autres similaires qui ne seraient pas mentionnés.

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Dans le monde, plus d’un enfant sur cinq présente un retard de croissance caractéristique d’un état de malnutrition associé à une mortalité élevée et à une altération du développement cognitif, avec de faibles perspectives en termes de niveau de vie et d’espérance de vie ainsi qu’un risque accru de maladies chroniques. Même si la tendance est à la baisse à l’échelle mondiale, cela ne suffira pas pour atteindre les Objectifs de développement durable des Nations Unies. D’autres interventions, ciblant les facteurs complexes du retard de croissance, vont être nécessaires [1].

Croissance des enfants

Pour une croissance et un développement normaux, les enfants ont besoin d’une alimentation adaptée, d’une protection contre les principales maladies et d’une bonne santé de leur système digestif. La meilleure source de nutriments de haute qualité pour les jeunes enfants se trouve dans les aliments d’origine animale [2]. Dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (PRITI), l’intensification d’une production animale conforme aux principes du développement durable contribue à améliorer les conditions de vie des pauvres et peut favoriser l’accès aux aliments d’origine animale [3]. La corrélation entre la possession d’un cheptel et la bonne croissance des enfants demeure néanmoins confuse. Certaines études font état d’effets bénéfiques nets, tandis que d’autres suggèrent que ces bénéfices sont parfois limités, voire nuls, du fait de l’exposition des enfants aux matières fécales animales [4].

Santé intestinale des enfants

L’entéropathie dite environnementale ou tropicale est une affection subclinique chronique des intestins associée à un cadre de vie marqué par la pauvreté et des conditions de vie insalubres. La malnutrition et la colonisation des intestins des enfants par des agents pathogènes sont des facteurs majeurs d’entéropathie environnementale [5].

L’étude MAL-ED(1), menée sur une cohorte de naissance dans huit PRITI, indique que lorsque le score z du rapport taille/âge des enfants à l’âge de 24 mois est positif, il est associé à la prise d’aliments complémentaires, tandis que lorsqu’il est négatif il est associé à des diarrhées (asymptomatiques) et à une colonisation intestinale par des agents pathogènes entériques spécifiques. Parmi ceux-ci, les bactéries du genre Campylobacter sont celles que l’on retrouve fréquemment dans les selles des enfants, le plus souvent sans aucun signe clinique. Or il existe selon cette étude une corrélation négative significative entre la charge de Campylobacter chez les enfants et les troubles de la croissance [6].

La transmission de Campylobacter à partir d’animaux d’élevage réservoirs se produit par le biais des aliments, par contact direct avec les animaux, ou via la contamination de l’environnement. Dans les pays industrialisés, ce sont les poulets qui constituent le principal réservoir de transmission. Nous disposons de très peu de données décrivant les réservoirs ou les voies de transmission de Campylobacter chez les enfants des PRITI. D’importantes recherches menées en Éthiopie indiquent que les enfants sont le plus souvent colonisés par de multiples espèces de Campylobacter et avancent l’hypothèse selon laquelle les poulets et les ruminants constitueraient d’importants réservoirs [7].

Conclusion

Les aliments d’origine animale sont une composante essentielle d’une alimentation salubre pour les enfants des PRITI. Il est essentiel de connaître les réservoirs et les voies de transmission des agents pathogènes à caractère zoonotique afin de gérer en toute sécurité la production animale et la consommation d’aliments d’origine animale pour protéger la santé des enfants. Situé à l’interface entre santé humaine et santé animale, le volet santé humaine du programme sur « L’impact mondial des maladies animales » (GBADs) est bien placé pour contribuer à relever ce défi.

________________________________________

(1) MAL-ED : étude sur l’étiologie, les facteurs de risque et les interactions des infections entériques et de la malnutrition, et sur leurs conséquences sur la santé et le développement des enfants [6].
 

https://doi.org/10.20506/bull.2021.1.3257

Références

  1. Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Organisation mondiale de la santé (OMS), Banque internationale pour la reconstruction et le développement (La Banque mondiale) (2020). – Levels and trends in child malnutrition: Key findings of the 2020 edition of the Joint Child Malnutrition Estimates. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO. https://www.who.int/publications/i/item/jme-2020-edition.
  2. Organisation mondiale de la santé (OMS) (2014). – World Health Assembly global nutrition targets 2025: stunting policy brief. http://www.who.int/nutrition/topics/globaltargets_stunting_policybrief.pdf.
  3. Adesogan A., Havelaar A.H., McKune S.L., Eilittä M. & Dahl G.E. (2020). – Animal source foods: Sustainability problem or malnutrition and sustainability solution? Perspective matters. Global Food Sec., 25, 100325. https://doi.org/10.1016/j.gfs.2019.100325.
  4. Headey D., Nguyen P., Kim S., Rawat R., Ruel M. & Menon  P. (2017). – Is exposure to animal feces harmful to child nutrition and health outcomes? A multicountry observational analysis. Am. J. Trop. Med. Hyg., 96, 961–969. https://doi.org/10.4269/ajtmh.16-0270.
  5. Guerrant R., Deboer M., Moore S., Scharf R. & Lima A. (2013). – The impoverished gut—a triple burden of diarrhoea, stunting and chronic disease. Nat. Rev. Gastroenterol. Hepatol., 10, 220–229. https://doi.org/10.1038/nrgastro.2012.239.
  6. Rogawski Elizabeth T., Liu Jie, Platts-Mills James A., Kabir Furqan, Lertsethtakarn Paphavee, Siguas Mery, Khan Shaila S., Praharaj Ira, Murei Arinao, Nshama Rosemary, Mujaga Buliga, Havt Alexandre, Maciel Irene A., Operario Darwin J., Taniuchi Mami, Gratz Jean, Stroup Suzanne E., Roberts James H., Kalam Adil, Aziz Fatima, Qureshi Shahida, Islam M. Ohedul, Sakpaisal Pimmada, Silapong Sasikorn, Yori Pablo P., Rajendiran Revathi, Benny Blossom, McGrath Monica, Seidman Jessica C., Lang Dennis, Gottlieb Michael, Guerrant Richard L., Lima Aldo A.M., Leite Jose Paulo, Samie Amidou, Bessong Pascal O., Page Nicola, Bodhidatta Ladaporn, Mason Carl, Shrestha Sanjaya, Kiwelu Ireen, Mduma Estomih R., Iqbal Najeeha T., Bhutta Zulfiqar A., Ahmed Tahmeed, Haque Rashidul, Kang Gagandeep, Kosek Margaret N. & Houpt Eric R. (2018). – Use of quantitative molecular diagnostic methods to investigate the effect of enteropathogen infections on linear growth in children in low-resource settings: longitudinal analysis of results from the MAL-ED cohort study. Lancet Glob. Health, 6, e1319–e1328. https://doi.org/10.1016/S2214-109X(18)30351-6.
  7. Terefe Y., Deblais L., Ghanem M., Helmy Y., Mummed B. & Chen D. (2020). – Co-occurrence of Campylobacter species in children from eastern Ethiopia, and their association with environmental enteric dysfunction, diarrhea, and host microbiome. Front. Public Health, 8, 1–16. https://doi.org/10.3389/fpubh.2020.00099.

Informations relatives à l'article

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  • De nouvelles initiatives pour proposer des modules d’e-learning sur la santé des animaux aquatiques

  • Le réseau scientifique de l’OMSA pour la santé des animaux aquatiques

  • Répondre aux situations d’urgence sanitaire chez les animaux aquatiques

  • Évaluation et référencement des maladies émergentes

  • L’importance de la notification des maladies émergentes

  • Mise en œuvre des normes internationales de l’OMSA : quels défis ?

  • Focus sur l’importance des normes pour répondre aux besoins des Membres

  • Collaboration de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), en faveur de la santé des animaux aquatiques

  • Comment impliquer les Membres dans le Processus PVS : Aquatique ?

  • Importance des normes de l’OMSA et normes prioritaires en vertu de la Stratégie

  • Évolution du Processus PVS et technologie numérique : amélioration des services et de la gestion des données

  • L’Observatoire de l’OMSA : une précieuse source de données et d’informations pour le renforcement des capacités des Services vétérinaires

  • Missions pour les laboratoires et projets de jumelage

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  • Le Plan d’action conjoint « Une seule santé » (2022-2026)

    Œuvrons ensemble pour la santé des humains, des animaux, des plantes et de l’environnement
  • L’utilisation stratégique de WAHIS conforte le rôle leader des Services vétérinaires

  • Le système de formation de l’Organisation mondiale de la santé animale

  • Renforcer les capacités dans le domaine de la santé de la faune sauvage

  • Les exercices de simulation, un outil essentiel pour accroitre la résilience dans une optique « Une seule santé »

  • Œuvrons pour des systèmes de santé durables pour les animaux aquatiques

  • Le renforcement des capacités dans le domaine du bien-être animal

    Le bien-être animal, l’un des piliers du cadre de formation par compétences de l’OMSA
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  • L’Observatoire de l’OIE : un projet qui se concrétise

  • L’approche factuelle sur laquelle reposent les procédures et stratégies de l’OIE pour l’élaboration des normes et le renforcement des capacités va encore être enrichie

  • La transformation numérique au service de l’Observatoire de l’OIE, et inversement

    Perspectives offertes par les nouvelles technologies
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    Comment intéresser les Membres de l’OIE au nouveau dispositif de suivi de la mise en œuvre des normes de l’OIE ?
  • Renforcer l’application des normes internationales : les recommandations de l’OCDE pour l’Observatoire de l’OIE

  • Apprendre de l’expérience des autres organisations internationales

  • Combiner les données du secteur public et du secteur privé pour optimiser les investissements en santé animale

  • L’impact des maladies animales est-il le même pour les hommes et pour les femmes ?

    Rendre visible l’invisible...
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    Le GBADs permettra une meilleure gestion de la santé animale...
  • La force du travail en partenariat

  • Que peut apporter le programme GBADs ?

    Le cas de l'Éthiopie
  • Le GBADs est lié au 7e Plan stratégique et à la stratégie de transformation numérique de l’OIE

  • De l’utilité du programme GBADs

  • Un partenariat mondial pour atténuer la menace microbiologique

    Le Partenariat mondial contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes
  • Méthode de bonne gestion des urgences : les fondamentaux

    Le manuel de bonne gestion des urgences est en cours de mise à jour...
  • De l’importance de lier la gestion de l’urgence zoosanitaire à un cadre public pour faciliter la mobilisation des ressources

    La démarche du Botswana...
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    Les forces de sécurité et les vétérinaires doivent coopérer en matière de défense contre les attaques microbiologiques délibérées...
  • L’assurance et la réassurance ont-elles un rôle à jouer pour mobiliser les ressources dans les contextes de faibles ressources ?

  • La préparation au risque de peste porcine africaine dans les Amériques

    Bilan des résultats de deux questionnaires...
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    La Représentation sous-régionale de l’OIE pour l’Asie du Sud-Est facilite la communication entre experts...
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    Quel est le rapport entre la COVID-19 et la santé animale ? Quel est le rôle de l’OIE dans ce domaine ?
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    Les équipements des laboratoires vétérinaires sont-ils en bon état ?
  • Accroître la résilience face à l’agro-terrorisme et à l’agro-criminalité

    L’OIE, la FAO et INTERPOL unissent leurs forces contre l’agroterrorisme...
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    L’OIE a créé une campagne de sensibilisation sur cette maladie…
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    Une collaboration constante au niveau régional constitue la meilleure arme de prévention…
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    Pour faire face aux problèmes que pose cette maladie dans cette région du monde…
  • Groupe permanent d’experts de la peste porcine africaine pour l’Europe

    Pour développer une coopération plus étroite entre les pays touchés par cette maladie en Europe…
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    Il est possible de contrôler cette maladie moyennant une coordination régionale et mondiale…
  • Les partenariats public–privé–producteurs (4P) dans les filières agricoles

    Pour une insertion durable des petits producteurs dans les filières agricoles...
  • Le rôle des partenariats public–privé dans le secteur laitier

  • Partenariats public‑privé : conjuguer le meilleur des deux secteurs

    Le secteur public et le secteur privé doivent travailler l’un avec l’autre pour résoudre ensemble les problèmes qu’il est impossible de résoudre seul…
  • Les partenariats public–privé développent les capacités sanitaires et phytosanitaires et élargissent l’accès aux marchés

    Les partenariats public‑privé sont largement présents dans le travail du Fonds pour l’application des normes et le développement du commerce (STDF)…
  • Partenariats public-privé dans le domaine vétérinaire : bienfaits et problématiques

    L’OIE est la mieux placée pour conduire les initiatives de partenariats public–privé pour améliorer la prestation de services vétérinaires…
  • Les partenariats public–privé : une approche essentielle pour renforcer les Services vétérinaires dans le monde

    La mise en place d’un partenariat public–privé a été déterminante dans l’éradication de la peste bovine…
  • Le rôle de la communauté vétérinaire dans le maintien du statut sanitaire élevé des chevaux de compétition

  • Le partenariat public–privé entre l’OIE et l’IHSC

    Supervision et principales réalisations…
  • Histoire du partenariat public–privé OIE/IHSC

  • Les enjeux pratiques des déplacements internationaux de chevaux de sport

    En dépit des progrès, des difficultés pratiques subsistent…
  • Vers une accélération du contrôle de la tuberculose bovine dans les milieux à faible revenu

    Accélérer le contrôle de la tuberculose bovine est une priorité pour la Fondation Bill & Melinda Gates…
  • Feuille de route pour la tuberculose zoonotique

    Réduire l’incidence de la tuberculose zoonotique implique de gérer le risque dès sa source animale…
  • Parité et pastoralisme

    Les femmes jouent un rôle clé dans le pastoralisme…
  • Point de vue sur le double usage

    Le terme « à double usage » est l’expression consacrée pour les innovations susceptibles d’être utilisées tantôt à bon ou à mauvais escient, y compris dans le domaine des sciences de la vie...
  • Vers un Plan mondial d’action contre la peste bovine pour une meilleure préparation des pays

    La peste bovine constitue toujours une menace, en raison du risque de fuite du virus à partir des établissements qui en détiennent encore des stocks. La réémergence de la peste bovine pourrait avoir un impact dévastateur à l’échelle mondiale, les populations bovines n’ayant plus aucune immunité face à ce virus...
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    La Convention sur l’interdiction des armes biologiques interdit la mise au point, la fabrication, l’acquisition, le transfert, le stockage et l’utilisation des armes biologiques et à toxines et constitue un élément essentiel pour la communauté internationale dans sa lutte contre la prolifération des armes de destruction massive...
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    Près de 75 % des pays sont incapables d’atteindre les objectifs internationaux de biosécurité et de biosûreté. Il est impératif d’agir maintenant ! Que faut-il faire en vue d’un changement mesurable plus rapide ?