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Panorama DossierUn paramètre simple pour rendre compte des pertes

Dossier Posté sur 2021-08-16 11:22:07

Un paramètre simple pour rendre compte des pertes

Le concept d’enveloppe des pertes sanitaires animales

Auteurs

P.R. Torgerson (1)* & A.P.M. Shaw (2,3)

(1) Section of Epidemiology, Vetsuisse Faculty, University of Zurich (Suisse).
(2) Department of Livestock and One Health, Institute of Infection, Veterinary and Ecological Sciences, University of Liverpool (Royaume-Uni).
(3) AP Consultants, 22 Walworth Enterprise Centre, Duke Close, Andover, SP10 5AP (Royaume-Uni).

* Contact auteurs : paul.torgerson@access.uzh.ch

Les désignations et dénominations utilisées et la présentation des données figurant dans cet article ne reflètent aucune prise de position de l’OIE quant au statut légal de quelque pays, territoire, ville ou zone que ce soit, à leurs autorités, aux délimitations de leur territoire ou au tracé de leurs frontières.
Les auteurs sont seuls responsables des opinions exprimées dans cet article. La mention de sociétés spécifiques ou de produits enregistrés par un fabricant, qu’ils soient ou non protégés par une marque, ne signifie pas que ceux-ci sont recommandés ou soutenus par l’OIE par rapport à d’autres similaires qui ne seraient pas mentionnés.

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Pour évaluer l’intégralité du poids des maladies animales et des autres causes de faible productivité et de mort prématurée des animaux de rente, il faut disposer d’une méthode qui permette d’exprimer la différence entre la productivité au moment présent et un plafond théorique de productivité pour le système de production considéré. Le concept d’enveloppe des pertes sanitaires animales répond à ce besoin.
La plupart des études sur l’impact économique des maladies des animaux de rente se concentrent sur une seule maladie et visent à défendre une politique. Ces études font souvent état de chiffres élevés en termes de pertes financières, servant ainsi d’argument en faveur de la mobilisation des ressources nécessaires pour maîtriser la maladie en question.

Dans les premiers stades de l’étude Global Burden of Disease (GBD), sur la mortalité et la morbidité humaines dans le monde, il a été constaté que, pour certaines catégories d’âge/de sexe, la somme des décès attribués à plusieurs maladies données dépassait considérablement le nombre total de décès [1]. Pour résoudre ce problème, l’étude GBD a postulé, pour différentes causes de décès, une espérance de vie maximale à l’échelle mondiale, imposant ainsi un plafond quant au nombre total de décès provoqués par chacune de ces causes. L’évaluation de l’impact des maladies du bétail dans le monde se heurte à une problématique comparable. En effet, certaines études font état de taux de mortalité causés par plusieurs maladies transmissibles qui, une fois additionnés, dépassent là aussi le taux de mortalité global observé dans la population. Les études qui ciblent une seule maladie s’appuient sur des données probantes, mais de par leur approche ciblée, elles portent souvent sur des populations dans lesquelles la maladie en question a une forte incidence. Elles ne tiennent pas pleinement compte des causes multiples (comorbidités) qui, conjuguées, entraînent la mort d’un animal, ni du fait que les interventions de lutte contre cette maladie ont souvent des effets bénéfiques au-delà de la maladie concernée. Les ordres de grandeur relatifs des pertes estimées pour différentes maladies sont probablement corrects, mais, tout comme pour les maladies humaines, ils doivent s’inscrire en-deçà d’un plafond.

En conséquence, le programme « L’impact mondial des maladies animales » (GBADs) a élaboré la notion d’« enveloppe des pertes sanitaires animales » (animal health loss envelope, AHLE) (Fig. 1) qui mesure la différence entre la production au moment présent et la production telle qu’elle pourrait être si les animaux étaient en parfaite santé. Ce scénario optimal ou « utopique » postule que, d’une part, il n’y a pas de mortalité prématurée du bétail, et que, d’autre part, l’ensemble des autres paramètres (fécondité, taux de conversion alimentaire, production en termes de lait/œufs/traction animale, etc.) se situe au niveau maximum présentement enregistré dans le système de production considéré. Dans ce scénario utopique, les dépenses de santé animale et les coûts imputables à des maladies animales sont inexistants.

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Fig. 1. Enveloppe des pertes sanitaires animales (AHLE)

Pour le calcul initial de l’enveloppe de pertes sanitaires animales, les auteurs ont opté pour une configuration et une terminologie économiques familières aux producteurs, aux vétérinaires et aux économistes : le compte d’exploitation. Il couvre l’ensemble de la production, les entrées et sorties du troupeau ainsi que les charges fixes et variables assumées par les producteurs [2]. Outre les montants monétaires, l’AHLE reflète également la fourchette de faisabilité pour chaque paramètre de production dans un système de production donné. L’AHLE peut ainsi être estimée pour différents systèmes de production, qu’il s’agisse de production intensive de lait ou de production de volailles de basse-cour. Appliquer l’AHLE offre l’assurance que la somme des pertes imputées individuellement à des maladies données n’excédera pas l’ensemble des pertes subies dans le système, non seulement celles dues aux maladies, mais aussi celles dues aux blessures, à la prédation, à la sécheresse et à d’autres causes de production sous-optimale.

https://doi.org/10.20506/bull.2021.1.3259

Références

  1. Murray C.J. & Lopez A.D. (1994). – Global and regional cause-of-death patterns in 1990. Bull. WHO, 72, 447–480.
  2. Rushton J., Thornton P. & Otte M.J. (1999). – Méthodes d’évaluation de l’impact économique. In Économie et contrôle des maladies animales. Rev. Sci. Tech. Off. Int. Epiz., 18 (2), 315–338. http://dx.doi.org/10.20506/rst.18.2.1172.

Informations relatives à l'article

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