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Panorama DossierLe rôle des tiques dans la transmission et la persistance de la peste porcine africaine

Dossier Posté sur 2020-07-24 16:14:27

Le rôle des tiques dans la transmission et la persistance de la peste porcine africaine

Auteurs

L. Heath(1)*, L. Dixon(2) & J.-M. Sanchez‑Vizcaino(3)

(1) Agricultural Research Council – Onderstepoort Veterinary Research (Afrique du Sud).
(2) The Pirbright Institute (Royaume-Uni).
(3) Facultad de Veterinaria, Universidad Complutense (Espagne).

* Contact auteurs : HeathL@arc.agric.za

Les désignations et dénominations utilisées et la présentation des données figurant dans cet article ne reflètent aucune prise de position de l’OIE quant au statut légal de quelque pays, territoire, ville ou zone que ce soit, à leurs autorités, aux délimitations de leur territoire ou au tracé de leurs frontières.
Les auteurs sont seuls responsables des opinions exprimées dans cet article. La mention de sociétés spécifiques ou de produits enregistrés par un fabricant, qu’ils soient ou non protégés par une marque, ne signifie pas que ceux-ci sont recommandés ou soutenus par l’OIE par rapport à d’autres similaires qui ne seraient pas mentionnés.

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On considère que l’évolution de la peste porcine africaine en Afrique de l’Est et en Afrique australe s’est faite en vertu d’un cycle sylvatique impliquant le phacochère commun (Phacochoerus africanus) et les tiques du genre Ornithodoros, de la famille des Argasidae. En Afrique, les tiques molles du groupe O. moubata sont considérées comme les principaux vecteurs et réservoirs du virus de la peste porcine africaine, mais il a été montré que d’autres espèces étaient également des vecteurs compétents pour ce virus.

Lors de la réémergence de la peste porcine africaine au Portugal, dans les années 1990, la tique molle indigène O. erraticus a été identifiée comme un réservoir naturel du virus de la peste porcine africaine. L’existence de ce réservoir a permis la persistance du virus pendant longtemps et a compliqué son éradication. L’infection expérimentale de plusieurs autres espèces de tiques semble indiquer que d’autres tiques sont potentiellement des vecteurs biologiques du virus de la peste porcine africaine. On sait que certaines tiques que l’on trouve en Amérique centrale ou en Amérique du Nord (O. coriaceus, O. turicata, O. parkeri, et O. puertoricensis, O. savignyi) ont la capacité de servir de support à la réplication de ce virus.

La peste porcine africaine semble persister au sein des populations de suidés sauvages et de porcs domestiques en l’absence de tiques molles en tant que vecteurs

Bien que la transmission entre porcs domestiques intervienne principalement par contact direct ou indirect via la consommation de produits carnés infectés, l’implication des tiques Argasidae dans la persistance de la maladie est apparue, historiquement, comme un critère de définition de son caractère endémique. On peut toutefois s’interroger sur l’importance des tiques dans l’épidémiologie contemporaine de la peste porcine africaine, car, dans plus de la moitié des pays atteints actuellement, on observe une persistance – voire des zones d’endémie – chez les porcs domestiques, en l’absence, en grande partie ou totalement, d’un cycle sylvatique. À la différence de la situation en Afrique, la propagation actuelle de la peste porcine africaine à travers l’Europe et l’Asie semble persister au sein des populations de suidés sauvages et de porcs domestiques en l’absence de tiques molles en tant que vecteurs. Si O. erraticus est principalement circonscrite aux pays méditerranéens, l’existence d’autres espèces d’Ornithodoros est attestée dans des zones touchées récemment par la peste porcine africaine. C’est notamment le cas d’O. alactagalis, O. asperus, O. coniceps, O. lahorensis, O. tholozani et O. verrucosus. Il se peut que ces espèces contribuent à la persistance sur le long terme du virus de la peste porcine africaine dans ces territoires. De récentes études portant sur la capacité des tiques paléarctiques à maintenir et à transmettre le virus de la peste porcine africaine ont montré que les tiques O. verrucosus étaient capables de maintenir les souches eurasiennes virulentes du virus pendant plusieurs mois mais ne pouvaient pas transmettre ce virus à des porcs naïfs. Il semble donc peu probable que cette espèce contribue de façon significative à la persistance de la maladie dans la région. Malgré les avancées récentes, de nombreuses questions demeurent sans réponses concernant la capacité des tiques Onithodoros du Nouveau Monde à transmettre le virus de la peste porcine africaine.

Des informations concernant la capacité des différentes espèces à servir de support à la réplication du virus, ainsi que concernant les taux de transmission potentielle et la durée de l’infection, amélioreraient sensiblement notre faculté de prédire la menace que fait peser telle ou telle espèce de tique. L’application du séquençage de nouvelle génération permettra de nouvelles recherches sur l’adaptation du virus de la peste porcine africaine aux différentes espèces de tiques et sur l’influence que différentes souches de ce virus peuvent avoir sur la capacité de ces tiques à entretenir la maladie. L’élaboration d’un cadre de recherche plus large quant au rôle que les tiques sont susceptibles de jouer dans la dissémination et le maintien de la maladie contribuera notablement à la lutte contre cette maladie complexe.

http://dx.doi.org/10.20506/bull.2020.1.3128

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