Merci de patienter pendant le chargement de votre Bulletin

Panorama PerspectivesPlan de travail sur l’antibiorésistance dans l’aquaculture

Perspectives Posté sur 2023-12-12 12:29:39

Plan de travail sur l’antibiorésistance dans l’aquaculture

Auteurs

D. Mateo, Département de la résistance antimicrobienne et des produits vétérinaires, Organisation mondiale de la santé animale (OMSA)

Taille de la police - A A A +

Comme pour l’élevage du bétail, l’utilisation des antimicrobiens dans l’aquaculture est nécessaire pour protéger la santé et le bien-être des animaux de ces élevages. Il arrive cependant qu’ils soient utilisés de manière superflue, dans le cadre de pratiques agricoles déficientes ou en raison de mesures sanitaires insuffisantes (par exemple, le manque de vaccin, un niveau d’hygiène médiocre, etc.), inaccessibles ou inefficaces. Les manquements en termes de politiques et de législations aggravent cette situation dans de nombreux pays, parmi lesquels figurent les plus grands producteurs aquacoles [1].

Compte tenu de la croissance spectaculaire de l’aquaculture à l’échelle mondiale et des différents signes de mauvaise utilisation ou de surutilisation des antimicrobiens [1, 2], on peut raisonnablement s’inquiéter de la contribution de l’aquaculture à l’antibiorésistance (RAM) dans l’environnement et de ses conséquences sur la santé des animaux, des plantes et des humains [3]. Des bactéries résistantes aux antibiotiques, ainsi que des gènes RAM ont d’ailleurs été identifiés à proximité de sites aquacoles [2].

Au vu des risques de RAM dans l’aquaculture, les Membres ont recommandé à l’Organisation mondiale de la Santé animale (OMSA), au cours de sa 4e Conférence mondiale sur la santé des animaux aquatiques : collaboration, durabilité – notre futur (Chili, 2019) de les assister à différents niveaux : promotion de bonnes pratiques de gouvernance insistant sur l’utilisation prudente des agents antimicrobiens chez les animaux aquatiques (Recommandation 5), et en parallèle, recherche sur les vaccins et thérapeutiques alternatives ou toute autre approche de gestion visant à réduire l’utilisation des agents antimicrobiens chez les animaux aquatiques (Recommandation 7). 

Les Membres avaient précédemment recommandé à l’OMSA, au cours de sa 2e Conférence mondiale sur la résistance aux antimicrobiens et sur l’utilisation prudente des agents antimicrobiens (Maroc, 2018), de continuer de mettre à jour et de compléter les Codes et Manuels terrestres et aquatiques (Recommandation 1), ainsi que de subdiviser la Liste OMSA des agents antimicrobiens importants en médecine vétérinaire pour différentes espèces animales (Recommandation 3).  

En réponse aux besoins de ses Membres, le Service Antibiorésistance et produits vétérinaires de l’OMSA a élaboré un Plan de travail sur la résistance antimicrobienne dans l’aquaculture, qui associe la Stratégie de l’OMSA sur la résistance aux agents antimicrobiens et leur utilisation prudente et la Stratégie de l’OMSA pour la santé des animaux aquatiques (Objectif 3 : Résilience. Les réponses aux problèmes émergents de santé des animaux aquatiques constituant une préoccupation régionale ou mondiale sont coordonnées et mises en œuvre au moment approprié). Ce plan de travail établit la voie à suivre pour les cinq prochaines années en identifiant dix activités principales (Figure 1) visant à promouvoir une prise de décisions informée dans le secteur de l’aquaculture pour freiner la RAM. Ce plan de travail devrait avoir un impact positif sur la santé et le bien-être des animaux aquatiques, sur la sécurité et la salubrité alimentaire, ainsi que sur le développement économique de nos Membres. 

On compte, parmi les activités identifiées, la sensibilisation à la RAM à travers l’établissement d’un réseau dédié, la diffusion des preuves scientifiques lors d’événements mondiaux et l’élargissement des outils de communication spécifiques à l’aquaculture. D’autres activités prévues sont la création et la mise à jour de lignes directrices et de normes (par exemple un document technique sur les agents antimicrobiens pour les animaux aquatiques), l’harmonisation des chapitres en lien avec l’utilisation des agents antimicrobiens et la RAM dans le Code aquatique et le Manuel aquatique et l’élaboration de publications techniques. D’autres activités ont été envisagées, telles que la mise en place d’une formation spécifique des Points focaux nationaux de l’OMSA et l’inclusion de l’utilisation des agents antimicrobiens et de la RAM pour l’aquaculture dans le Processus PVS. Des activités de suivi de l’utilisation des agents antimicrobiens et de la RAM sont également prévues, avec un objectif de perfectionnement de la collecte mondiale de données d’utilisation des agents antimicrobiens pour les animaux aquatiques. Un soutien sera également apporté concernant le suivi de la RAM au sein des projets financiers collégiaux de l’Alliance quadripartite (Quadripartite Multi-Partner Trust Fund projects). L’élaboration de quatre de ces activités est incluse dans les sous-activités de l’activité 3.4 : proposer des lignes directrices pratiques en matière de résistance aux agents antimicrobiens (RAM) en vue de la mise en œuvre de la Stratégie pour la santé des animaux aquatiques.  

Pour la mise en œuvre de ce plan de travail, une collaboration sera établie avec les collègues OMSA du Siège et des Représentations régionales et sous-régionales, ainsi qu’avec les Centres collaborateurs tels que le Centre collaborateur de l’OMSA pour la gestion des antimicrobiens en aquaculture (CASA). L’engagement de nos Membres sur ces activités, par le biais de leurs Délégués et Points focaux, sera d’un précieux soutien aux Services sanitaires chargés de la santé des animaux aquatiques dans leur gestion efficace des risques de RAM liés à l’utilisation d’antimicrobiens dans l’aquaculture.  

Plus d’informations sur l’action de l’OMSA contre la résistance antimicrobienne. 

 

Figure 1. Théorie du changement issue du Plan de travail sur la RAM dans l’aquaculture. Ce Plan de travail contient 10 piliers principaux représentant chacun les grandes activités proposées et leurs résultats respectifs attendus. Quatre des activités (correspondant aux résultats 4, 5, 6 et 9) constituent les sous-activités de l’Activité 3.4 : proposer des lignes directrices pratiques en matière de résistance aux agents antimicrobiens (RAM) en vue de la mise en œuvre de la Stratégie pour la santé des animaux aquatiques.  

 

https://doi.org/10.20506/bull.2023.2.3413

Références

[1] Lulijwa R., Rupia E.J., Alfaro A.C. (2020). – Antibiotic use in aquaculture, policies and regulation, health and environmental risks: a review of the top 15 major producers. Rev Aquacult 12, 640–663.

[2] Watts J.E.M., Schreier H.J., Lanska L., & Hale M.S. (2017). – The Rising Tide of Antimicrobial Resistance in Aquaculture: Sources, Sinks and Solutions. Mar. Drugs 15, 158.

[3] Santos L. & Ramos F. (2018). – Antimicrobial Resistance in aquaculture: Current knowledge and alternatives to tackle the problem. Int. J. Antimicrob Agents 52: 135-143.

Informations relatives à l'article

  • De nouvelles initiatives pour proposer des modules d’e-learning sur la santé des animaux aquatiques

  • Le réseau scientifique de l’OMSA pour la santé des animaux aquatiques

  • Répondre aux situations d’urgence sanitaire chez les animaux aquatiques

  • Évaluation et référencement des maladies émergentes

  • L’importance de la notification des maladies émergentes

  • Mise en œuvre des normes internationales de l’OMSA : quels défis ?

  • Focus sur l’importance des normes pour répondre aux besoins des Membres

  • Collaboration de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), en faveur de la santé des animaux aquatiques

  • Comment impliquer les Membres dans le Processus PVS : Aquatique ?

  • Importance des normes de l’OMSA et normes prioritaires en vertu de la Stratégie

  • Évolution du Processus PVS et technologie numérique : amélioration des services et de la gestion des données

  • L’Observatoire de l’OMSA : une précieuse source de données et d’informations pour le renforcement des capacités des Services vétérinaires

  • Missions pour les laboratoires et projets de jumelage

    Vers des réseaux de laboratoires durables
  • Le Plan d’action conjoint « Une seule santé » (2022-2026)

    Œuvrons ensemble pour la santé des humains, des animaux, des plantes et de l’environnement
  • L’utilisation stratégique de WAHIS conforte le rôle leader des Services vétérinaires

  • Le système de formation de l’Organisation mondiale de la santé animale

  • Renforcer les capacités dans le domaine de la santé de la faune sauvage

  • Les exercices de simulation, un outil essentiel pour accroitre la résilience dans une optique « Une seule santé »

  • Œuvrons pour des systèmes de santé durables pour les animaux aquatiques

  • Le renforcement des capacités dans le domaine du bien-être animal

    Le bien-être animal, l’un des piliers du cadre de formation par compétences de l’OMSA
  • Renforcer les capacités en santé animale en recourant à l’approche GBADs pour évaluer l’impact des maladies animales dans le monde

  • L’Observatoire de l’OIE : un projet qui se concrétise

  • L’approche factuelle sur laquelle reposent les procédures et stratégies de l’OIE pour l’élaboration des normes et le renforcement des capacités va encore être enrichie

  • La transformation numérique au service de l’Observatoire de l’OIE, et inversement

    Perspectives offertes par les nouvelles technologies
  • Renforcement de la crédibilité du système international et de l’action collective

    Comment intéresser les Membres de l’OIE au nouveau dispositif de suivi de la mise en œuvre des normes de l’OIE ?
  • Renforcer l’application des normes internationales : les recommandations de l’OCDE pour l’Observatoire de l’OIE

  • Apprendre de l’expérience des autres organisations internationales

  • En quête d’un équilibre entre les bienfaits nutritionnels et les risques infectieux liés à l’élevage dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure

  • Combiner les données du secteur public et du secteur privé pour optimiser les investissements en santé animale

  • L’impact des maladies animales est-il le même pour les hommes et pour les femmes ?

    Rendre visible l’invisible...
  • GBADs : le moment est opportun

    Le GBADs permettra une meilleure gestion de la santé animale...
  • La force du travail en partenariat

  • Que peut apporter le programme GBADs ?

    Le cas de l'Éthiopie
  • Le GBADs est lié au 7e Plan stratégique et à la stratégie de transformation numérique de l’OIE

  • De l’utilité du programme GBADs

  • Un partenariat mondial pour atténuer la menace microbiologique

    Le Partenariat mondial contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes
  • Méthode de bonne gestion des urgences : les fondamentaux

    Le manuel de bonne gestion des urgences est en cours de mise à jour...
  • De l’importance de lier la gestion de l’urgence zoosanitaire à un cadre public pour faciliter la mobilisation des ressources

    La démarche du Botswana...
  • Les vétérinaires ont un rôle à jouer pour prévenir le bioterrorisme et se préparer à y faire face

    Les forces de sécurité et les vétérinaires doivent coopérer en matière de défense contre les attaques microbiologiques délibérées...
  • L’assurance et la réassurance ont-elles un rôle à jouer pour mobiliser les ressources dans les contextes de faibles ressources ?

  • La préparation au risque de peste porcine africaine dans les Amériques

    Bilan des résultats de deux questionnaires...
  • Diffusion des bonnes pratiques de gestion de crise au moyen des nouvelles technologies

    La Représentation sous-régionale de l’OIE pour l’Asie du Sud-Est facilite la communication entre experts...
  • L’action de l’OIE face au COVID-19

    Quel est le rapport entre la COVID-19 et la santé animale ? Quel est le rôle de l’OIE dans ce domaine ?
  • Maintenance et étalonnage des équipements de laboratoire

    Les équipements des laboratoires vétérinaires sont-ils en bon état ?
  • Accroître la résilience face à l’agro-terrorisme et à l’agro-criminalité

    L’OIE, la FAO et INTERPOL unissent leurs forces contre l’agroterrorisme...
  • En quête d’approches innovantes pour une gestion pérenne de l’urgence zoosanitaire

    L’OIE a organisé un débat d’experts sur différentes approches de gestion pérenne de l’urgence…
  • Mesures de prévention et de contrôle de la peste porcine africaine

    Dans l’Union Européenne la peste porcine africaine a pu être circonscrite à des zones limitées…
  • Peste porcine africaine : une contagiosité modérée qui pose un dilemme

    Cette maladie se caractérise par une létalité élevée...
  • La filière porcine en Asie du Sud-Est et les défis de la gestion sanitaire

    Les porcs sont une source importante de revenus pour les populations rurales et péri-urbaines…
  • Impact économique mondial de la peste porcine africaine

    Cette maladie devrait fortement impacter le marché de la viande et de l’alimentation animale…
  • La peste porcine africaine et le Système mondial d’information sanitaire de l’OIE

    Le système d’information de l’OIE est essentiel pour centraliser les informations sur les foyers…
  • La communication sur les risques : un élément essentiel de la lutte contre la peste porcine africaine

    L’OIE a créé une campagne de sensibilisation sur cette maladie…
  • Groupe permanent d’experts de la peste porcine africaine pour les Amériques

    Une collaboration constante au niveau régional constitue la meilleure arme de prévention…
  • Groupe permanent d’experts de la peste porcine africaine pour l’Asie

    Pour faire face aux problèmes que pose cette maladie dans cette région du monde…
  • Groupe permanent d’experts de la peste porcine africaine pour l’Europe

    Pour développer une coopération plus étroite entre les pays touchés par cette maladie en Europe…
  • Contrôle mondial de la peste porcine africaine

    Il est possible de contrôler cette maladie moyennant une coordination régionale et mondiale…
  • Les partenariats public–privé–producteurs (4P) dans les filières agricoles

    Pour une insertion durable des petits producteurs dans les filières agricoles...
  • Le rôle des partenariats public–privé dans le secteur laitier

  • Partenariats public‑privé : conjuguer le meilleur des deux secteurs

    Le secteur public et le secteur privé doivent travailler l’un avec l’autre pour résoudre ensemble les problèmes qu’il est impossible de résoudre seul…
  • Les partenariats public–privé développent les capacités sanitaires et phytosanitaires et élargissent l’accès aux marchés

    Les partenariats public‑privé sont largement présents dans le travail du Fonds pour l’application des normes et le développement du commerce (STDF)…
  • Partenariats public-privé dans le domaine vétérinaire : bienfaits et problématiques

    L’OIE est la mieux placée pour conduire les initiatives de partenariats public–privé pour améliorer la prestation de services vétérinaires…
  • Les partenariats public–privé : une approche essentielle pour renforcer les Services vétérinaires dans le monde

    La mise en place d’un partenariat public–privé a été déterminante dans l’éradication de la peste bovine…
  • Le rôle de la communauté vétérinaire dans le maintien du statut sanitaire élevé des chevaux de compétition

  • Le partenariat public–privé entre l’OIE et l’IHSC

    Supervision et principales réalisations…
  • Histoire du partenariat public–privé OIE/IHSC

  • Les enjeux pratiques des déplacements internationaux de chevaux de sport

    En dépit des progrès, des difficultés pratiques subsistent…
  • Vers une accélération du contrôle de la tuberculose bovine dans les milieux à faible revenu

    Accélérer le contrôle de la tuberculose bovine est une priorité pour la Fondation Bill & Melinda Gates…
  • Feuille de route pour la tuberculose zoonotique

    Réduire l’incidence de la tuberculose zoonotique implique de gérer le risque dès sa source animale…
  • Parité et pastoralisme

    Les femmes jouent un rôle clé dans le pastoralisme…
  • Point de vue sur le double usage

    Le terme « à double usage » est l’expression consacrée pour les innovations susceptibles d’être utilisées tantôt à bon ou à mauvais escient, y compris dans le domaine des sciences de la vie...
  • Vers un Plan mondial d’action contre la peste bovine pour une meilleure préparation des pays

    La peste bovine constitue toujours une menace, en raison du risque de fuite du virus à partir des établissements qui en détiennent encore des stocks. La réémergence de la peste bovine pourrait avoir un impact dévastateur à l’échelle mondiale, les populations bovines n’ayant plus aucune immunité face à ce virus...
  • La Convention sur l’interdiction des armes biologiques et son application pratique

    La Convention sur l’interdiction des armes biologiques interdit la mise au point, la fabrication, l’acquisition, le transfert, le stockage et l’utilisation des armes biologiques et à toxines et constitue un élément essentiel pour la communauté internationale dans sa lutte contre la prolifération des armes de destruction massive...
  • Réduire la menace en cette ère de nouveaux risques biologiques

    Près de 75 % des pays sont incapables d’atteindre les objectifs internationaux de biosécurité et de biosûreté. Il est impératif d’agir maintenant ! Que faut-il faire en vue d’un changement mesurable plus rapide ?