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Panorama DossierLes mouvements d’animaux à l’approche des fêtes religieuses

Dossier Posté sur 2019-02-19 14:28:14

Les mouvements d’animaux à l’approche des fêtes religieuses

Quelle ampleur et quel risque pour la Tunisie ?

Auteurs

S. Kalthoum (1), M.N. Baccar (1), J. Cherni (1) & M. Zrelli (2)

(1) Centre national de veille zoosanitaire (CNVZ) (Tunisie)
(2) Direction générale des services vétérinaires (DGSV) (Tunisie)

Les désignations et dénominations utilisées et la présentation des données figurant dans cet article ne reflètent aucune prise de position de l’OIE quant au statut légal de quelque pays, territoire, ville ou zone que ce soit, à leurs autorités, aux délimitations de leur territoire ou au tracé de leurs frontières.
Les auteurs sont seuls responsables des opinions exprimées dans cet article. La mention de sociétés spécifiques ou de produits enregistrés par un fabricant, qu’ils soient ou non protégés par une marque, ne signifie pas que ceux-ci sont recommandés ou soutenus par l’OIE par rapport à d’autres similaires qui ne seraient pas mentionnés.

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La Tunisie, pays carrefour en Afrique du Nord, n’est pas à l’abri de l’émergence et de la réémergence des maladies animales dues principalement aux mouvements informels de bétail, fortement amplifiés à l’approche des fêtes religieuses (Aïd El-Adha, Ramadan, Hadj…), entre la plupart des pays de l’Afrique du Nord [1].

Ces mouvements constituent une menace pour la Tunisie, et le risque d’épizooties est fortement lié à leur fréquence [2]. Dans ce contexte de mobilité des ruminants, animaux de rente essentiels en Tunisie, deux enquêtes ont été réalisées dans les marchés aux bestiaux avant le mois de Ramadan en 2016. Les résultats de ces enquêtes ont été d’une utilité certaine pour la surveillance basée sur le risque, essentiellement pour les maladies à caractère épizootique et celles à impact économique important.

L’identification et la traçabilité sont des outils importants pour la santé animale et la sécurité sanitaire des aliments, et les normes internationales de l’OIE (notamment les chapitres 4.1. et 4.2. du Code sanitaire pour les animaux terrestres) en constituent le cadre pour ses Membres. Néanmoins, la mise en œuvre de tels systèmes dans les pays à revenu faible et intermédiaire reste un défi important. Dans un tel contexte, les études transversales sur les mouvements d’animaux constituent un moyen essentiel et réalisable de comprendre les facteurs qui influencent le risque de maladie.

Mobilité animale dans les marchés aux bestiaux en Tunisie

La localisation géographique de la Tunisie rend le pays vulnérable à l’introduction et la propagation des maladies animales. Afin de mieux comprendre la mobilité animale et apprécier son ampleur pour bien gérer les maladies animales, une enquête s’est déroulée dans les marchés aux bestiaux avant le mois de Ramadan (2016) via des entretiens directs avec les propriétaires des animaux.

Marché aux bestiaux à El Faidh (Sidi Bouzid)
Marché aux bestiaux à El Faidh (Sidi Bouzid)

Un total de 7 317 mouvements a été mis en évidence durant les deux périodes de l’étude. La région du Nord-Est a enregistré 31,3 % du total des mouvements. La région du Nord-Ouest, 12,9 %. Le Centre-Ouest, le Centre-Est et le Sud ont connu presque les mêmes flux, enregistrant respectivement 18,9 %, 18,5 % et 18,1 % du total des mouvements répertoriés. Les petits ruminants ont représenté 84,6 % des espèces commercialisées, alors que les bovins ont représenté 15,4 % des flux enregistrés.

La connaissance des origines des animaux présents dans les marchés aux bestiaux est d’importance capitale. Ainsi, une connaissance approfondie de la mobilité animale (origine et destination des animaux, effectif échangé…) permet d’évoluer vers un meilleur ajustement des stratégies et des plans de surveillance dans le domaine de la santé animale.

Flux commerciaux intra et inter-pays

Les flux commerciaux repérés montrent une mobilité animale sur tout le territoire tunisien avec une concentration des flux dans le centre et le nord du pays. Des échanges avec l’Algérie ont été mis en évidence essentiellement dans le nord et le centre du pays.

La méthode de l’analyse des réseaux sociaux a été utilisée pour caractériser le réseau commercial des animaux de rente en Tunisie et identifier les lieux à forte mobilité. Il a été démontré que certains marchés (Sidi Bouzid [Sidi Bouzid], Majel Bel Abbès [Kasserine], Gafsa [Gafsa], Mateur [Bizerte]) peuvent jouer un rôle majeur dans la diffusion des maladies à large échelle (receveur et émetteur) ; ils sont qualifiés de « super spreader ». D’autres marchés/localités se sont révélés vulnérables aux maladies car ils reçoivent des animaux à partir de plusieurs origines, tels les marchés aux bestiaux d’El Ouardia (Tunis), Béja (Béja), El Krib (Siliana) et Sers (Kef). Ces informations sont indispensables pour la surveillance des maladies animales. La mise en place, par exemple, de « check-points » pour le contrôle de ces pathologies devrait prendre en considération ces spécificités.

Tunisie : carte des mouvements vers/depuis les marchés aux bestiaux

L’étude de la mobilité animale représente un atout pour la surveillance des maladies animales et zoonotiques. Les informations qui en résultent peuvent être utilisées dans l’élaboration de cartes concernant le risque de maladies. Ainsi la surveillance et la gestion basées sur le risque de maladies animales permettront l’optimisation des budgets alloués à la santé animale, surtout dans le contexte tunisien. Une approche régionale de ce type d’enquêtes dans la zone du Maghreb apportera certainement des éléments-clés à la compréhension des voies d’introduction et de propagation des maladies transfrontalières ainsi qu’à leur gestion. Par ailleurs, une étude et un suivi régulier des prix des viandes sur les marchés maghrébins permettraient aussi de mieux appréhender les sens des mouvements, notamment à l’approche des grandes fêtes religieuses et donc d’optimiser la surveillance épidémiologique. Les deux problématiques sont discutées, notamment avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), avec qui le Centre national de veille zoosanitaire (CNVZ) collabore pour la première fois. La seconde problématique, liée à la mercuriale des prix des viandes, fera l’objet de discussions dans une perspective de partenariat public/privé en 2019.

http://dx.doi.org/10.20506/bull.2018.2.2865

Références

  1. Bouguedour R. & Ripani A. (2016). – Examen de la situation de la fièvre aphteuse en Afrique du Nord et risque d’introduction de la maladie en Europe. Rev. Sci. Tech. Off. Int. Epiz., 35 (3), 757-768. doi:10.20506/rst.35.3.2566.
  2. Bouslikhane M. (2015). – Les mouvements transfrontaliers d’animaux et de produits d’origine animale et leur rôle dans l’épidémiologie des maladies animales en Afrique. 21Conférence de la Commission régionale de l’OIE pour l’Afrique (Rabat, Maroc, 16-20 février 2015).

Informations relatives à l'article

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    Des chercheurs s’appuient sur la vaccinologie inverse pour développer de nouveaux vaccins contre la tuberculose bovine…
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    Le calcul des coûts socio-économiques de la tuberculose bovine requiert l’évaluation de multiples facteurs…
  • La mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre la tuberculose bovine demande une réflexion approfondie

    Il est indispensable de définir les objectifs stratégiques des programmes nationaux de lutte contre la tuberculose bovine...
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    En 2017-2018, 44 % des pays ont signalé la présence de la tuberculose bovine...
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