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Panorama ÉditorialLa révolution mondiale des produits issus de la mer

Éditorial Posté sur 2023-12-12 12:38:24

La révolution mondiale des produits issus de la mer

Auteurs

G. Chamberlain, Global Aquaculture Alliance 

Les désignations et dénominations utilisées et la présentation des données figurant dans cet article ne reflètent aucune prise de position de l’OMSA quant au statut légal de quelque pays, territoire, ville ou zone que ce soit, à leurs autorités, aux délimitations de leur territoire ou au tracé de leurs frontières.
Les auteurs sont seuls responsables des opinions exprimées dans cet article. La mention de sociétés spécifiques ou de produits enregistrés par un fabricant, qu’ils soient ou non protégés par une marque, ne signifie pas que ceux-ci sont recommandés ou soutenus par l’OMSA par rapport à d’autres similaires qui ne seraient pas mentionnés.

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L’aquaculture représente le secteur de production alimentaire connaissant la croissance la plus rapide, en sus d’être l’un des plus innovants. Ses origines remontent à la production rudimentaire de carpes, en Chine, il y a plus de 2 000 ans ; mais ce n’est que dans les années 70, alors que les prises des pêches de capture tendaient à plafonner, que le secteur a véritablement pris son essor. Depuis 2016, la production d’animaux aquatiques destinés à la consommation humaine dépasse celle des pêches de capture [1]. Selon les projections, la demande en produits de la mer devrait encore augmenter en raison de l’accroissement de la population et de la consommation par habitant. Kobayashi et al. ont estimé que la demande mondiale en produits de la mer passerait de 154 millions à 186 millions de tonnes, de 2011 à 2030, et que cette augmentation serait intégralement assumée par l’aquaculture [2].

Les systèmes de production alimentaire mondiaux

Les systèmes de production alimentaire mondiaux constituent l’un des principaux moteurs du changement climatique, responsables de 21 à 37 % du total net des émissions de gaz à effet de serre anthropiques [3]. Ils représentent également l’un des principaux facteurs de la perte de biodiversité et de la dégradation de l’environnement. D’ici 2050, la population mondiale devrait atteindre 9,8 milliards d’individus et la demande alimentaire devrait augmenter de 50 %. Les systèmes de production alimentaire actuels ne pourront s’adapter à cette demande sans aggraver les problèmes environnementaux.

La Commission EAT-Lancet a évalué les bénéfices sanitaires et les coûts environnementaux de différents groupes d’aliments [4]. Afin de ne pas dépasser les limites de notre planète, elle recommande d’opérer une transition vers des régimes essentiellement végétariens, avec une diminution du bœuf, de la volaille, du porc et des œufs et une augmentation de la consommation de produits issus de la mer. En résumé, la production alimentaire constitue un enjeu décisif du XXIe siècle, et le rôle de l’aquaculture sera crucial dans les années à venir.

Les défis de l’aquaculture

Pour répondre à la demande mondiale en produits de la mer sans aggraver les impacts environnementaux, l’aquaculture devra :

a) améliorer les contrôles afin de réduire les risques de maladies et l’impact environnemental ;

b) améliorer son efficacité pour produire davantage avec moins de terres, d’énergie, d’eau, d’aliments et de travail ; et

c) asseoir sa crédibilité pour être acceptée par le marché.

Ces défis ne pourront être surmontés sans progrès à chaque étape de la chaîne de production.

La santé animale est un prérequis aux avancées de la production. Une meilleure lutte contre les maladies s’obtient aujourd’hui grâce à des techniques d’analyses plus sensibles et plus rapides, une biosécurité accrue, de meilleurs vaccins, des probiotiques et des bactériophages. Le bien-être des poissons s’améliore également grâce à de nouvelles techniques d’abattage sans cruauté et une réduction du stress. L’OMSA peut faire avancer ces progrès en facilitant des collaborations plus étroites entre les systèmes gouvernementaux de gestion des zones et les programmes de biosécurité de l’industrie, au niveau régional et des exploitations.

En aquaculture, la stratégie d’élevage constitue l’un des principaux facteurs de performance. Des hausses caractéristiques de 10 à 15% d’une génération à l’autre peuvent être atteintes dans certains domaines, telles que la croissance, la résistance aux pathogènes, les performances reproductives ou la tolérance au soja alimentaire. Ces hausses augmentent avec la sélection génomique et pourront encore croître si la manipulation génétique finit par être acceptée.

En matière de production animale, la principale source d’émissions de gaz à effet de serre provient du fourrage. La réduction des émissions associées aux ingrédients du fourrage grâce à l’amélioration des pratiques agricoles, telle que la culture du carbone (carbon farming), visant à fixer le carbone dans les sols, est essentielle. Au niveau des exploitations aquacoles, l’utilisation de systèmes de nourrissage plus sophistiqués améliorent considérablement la conversion alimentaire.

Innovations et certification

Les systèmes d’élevage connaissent des innovations fascinantes : systèmes ouverts en haute mer, systèmes d’aquaculture en recirculation basés à terre, systèmes de parcs en filet semi-ouverts ou bassins intensifs autonettoyants. Les déchets des effluents sont collectés par des systèmes de recyclage, par l’aquaculture multi-trophique intégrée ou l’exploitation de zones humides artificielles. Le traitement des produits de la mer évolue également grâce à l’automatisation, la mécanisation et la traçabilité numérique.

La certification tierce partie est devenue un outil commun favorisant l’acceptation sur le marché ; elle fournit des garanties crédibles de conformité, à la fois environnementale, sociale, alimentaire et relatives au bien-être animal. L’enjeu à venir est d’étendre ces méthodes de certification aux petites exploitations, grâce au développement de coopératives et de programmes d’amélioration.

Message clé

La production alimentaire constitue un enjeu majeur du XXIe siècle et le rôle de l’aquaculture est crucial. L’innovation est nécessaire à chaque étape de la chaîne de valeur. L’OMSA peut contribuer à ces avancées en favorisant une collaboration hiérarchique encore plus étroite entre les systèmes gouvernementaux de gestion des zones et les programmes de biosécurité de l’industrie, tant au niveau régional qu’à celui des exploitations.

https://doi.org/10.20506/bull.2023.2.3404

Références

  1. Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO) (2020). – The state of world fisheries and aquaculture. Sustainability in action. 
  2. Kobayashi M., Msangi S., Batka M., Vannuccini S., Dey M.M. & Anderson J.L. (2015). – Fish to 2030: The role and opportunity for aquaculture. Aquacult. Econ. Manag., 19 (3), 282–300. https://doi.org/10.1080/13657305.2015.994240. 
  3. Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) (2019). – Climate change and land. An IPCC special report on climate change, desertification, land degradation, sustainable land management, food security, and greenhouse gas fluxes in terrestrial ecosystems [P.R. Shukla, J. Skea, E. Calvo Buendia, V. Masson-Delmotte, H.-O. Pörtner, D. C. Roberts, P. Zhai, R. Slade, S. Connors, R. van Diemen, M. Ferrat, E. Haughey, S. Luz, S. Neogi, M. Pathak, J. Petzold, J. Portugal Pereira, P. Vyas, E. Huntley, K. Kissick, M. Belkacemi & J. Malley, (eds.)].  
  4. Willett W., Rockström, J. Loken B., Springmann M., Lang T., Vermeulen S., Garnett T., Tilman D., DeClerck F., Wood A., Jonell M., Clark M., Gordon L.J., Fanzo J., Hawkes C., Zurayk R., Rivera J.A., De Vries W., Sibanda L.M., Afshin A., Chaudhary A., Herrero M., Agustina R., Branca F., Lartey A., Fan S., Crona B., Fox E., Bignet V., Troell M., Lindahl T., Singh S., Cornell S.E., Reddy K.S., Narain S., Nishtar S. & Murray C.J.L. (2019). – Food in the Anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(18)31788-4. 

Informations relatives à l'article

  • La Stratégie globale de l’OMSA pour la santé des animaux aquatiques

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