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Panorama PerspectivesImpact économique mondial de la peste porcine africaine

Perspectives Posté sur 2020-07-07 10:13:09

Impact économique mondial de la peste porcine africaine

Auteurs

Franck Berthe, Senior Livestock Specialist in the Agriculture Global Practice, Banque Mondiale.

Les désignations et dénominations utilisées et la présentation des données figurant dans cet article ne reflètent aucune prise de position de l’OIE quant au statut légal de quelque pays, territoire, ville ou zone que ce soit, à leurs autorités, aux délimitations de leur territoire ou au tracé de leurs frontières.
Les auteurs sont seuls responsables des opinions exprimées dans cet article. La mention de sociétés spécifiques ou de produits enregistrés par un fabricant, qu’ils soient ou non protégés par une marque, ne signifie pas que ceux-ci sont recommandés ou soutenus par l’OIE par rapport à d’autres similaires qui ne seraient pas mentionnés.

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La viande de porc est une source majeure de protéines dans l’alimentation humaine, avec une part stable de l’ordre de 35 à 40 % de la production mondiale de viande, soit à l’heure actuelle une consommation annuelle de plus de plus de 110 000 tonnes. Avec l’émergence de la peste porcine africaine en République Populaire de Chine, en 2018, on s’attendait à de graves pertes. Les pertes enregistrées ont toutefois surpassé les estimations avancées au début de l’épizootie.

La maladie est connue pour ses répercussions économiques sur les petits éleveurs et les élevages industriels émergents. Elle entraîne des effets négatifs sur les moyens de subsistance de nombreux ménages pauvres qui dépendent de l’élevage porcin comme source de protéines et de revenus, moyen de capitaliser de l’épargne et filet de sécurité en période de privations. Nombre de ces éleveurs ont perdu ou vont perdre leur exploitation en raison de la peste porcine africaine. Simultanément, les prix du marché ont flambé : en Chine les prix de détail sont en hausse de 78 % (d’un mois à l’autre) en septembre 2019, avec des répercussions pour les consommateurs. Au niveau national, parmi les principales retombées de la peste porcine africaine, figurent la perte de statut du commerce international et les coûts de mise en œuvre de mesures drastiques de lutte contre la maladie. Au Vietnam, par exemple, on estime à près de 6 millions le nombre de porcs réformés depuis février 2018, soit environ 20 % de la population porcine. Un chiffre significatif dans un pays où le secteur porcin était estimé à 4,03 milliards USD, soit près de 10 % du secteur agricole national.

La peste porcine africaine devrait avoir un effet mondial notable tant sur le marché de la viande que sur celui de l’alimentation animale

À l’échelle mondiale, c’est principalement en Chine, où la production annuelle de viande de porc a augmenté de plus de 50 millions de tonnes depuis 2010, que sont enregistrées les répercussions majeures. Avant que n’apparaisse la peste porcine africaine, la moitié de la production mondiale de porc provenait de Chine. Fin 2019, le cheptel porcin national avait été réduit de moitié dans ce pays et l’on prévoit une nouvelle diminution de la production de l’ordre de 10 à 15 % pour 2020, à laquelle s’ajoute la baisse de 25 % enregistrée en 2019. En septembre 2019, on estimait, pour la Chine uniquement, les pertes économiques directes à 141 milliards USD. Avec l’émergence de la COVID-19, les mesures de lutte adoptées par les autorités chinoises — dont la distanciation sociale, les restrictions en matière de transport et les limitations de la mobilité des personnes — supposent de nouveaux défis à relever en termes de continuité des échanges pour les éleveurs, tout particulièrement lorsqu’ils sont à la tête d’exploitations de petite taille ou de taille moyenne.

Avec ces menaces pour la production porcine mondiale, les tensions se sont accrues tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Selon le rapport Perspectives de l’alimentation de la FAO de mai 2019 [1], la production mondiale de viande devrait baisser en raison de la chute de sa composante viande porcine, essentiellement en Chine ; ce déficit ne devrait pas être compensé par l’accroissement de la production de viande de volailles ou d’ovins. En conséquence, la peste porcine africaine devrait avoir un effet mondial notable tant sur le marché de la viande que sur celui de l’alimentation animale. De ce fait, la consommation totale de produits destinés à l’alimentation animale, comme le soja, a chuté de 17 % en 2019 pour la Chine.

Le déficit de la production de porc en Asie entraîne des défis à relever, mais ouvre aussi de nouvelles perspectives

L’évolution de la structure des échanges à l’échelle mondiale afin de répondre à la demande en protéines animales demeure dynamique. Le déficit de la production de porc en Chine et dans cette région du monde entraîne des défis à relever, mais aussi de nouvelles perspectives pour les exportateurs (Union Européenne, États-Unis et Brésil, par exemple) ainsi que les fournisseurs de protéines animales alternatives, avec une prévision à la hausse de la part de la production de volaille de plus de 30 % à l’horizon 2025, au détriment du porc [2]. Toutefois, si la peste porcine africaine ouvre de nouvelles perspectives, elle risque également d’imposer des contraintes et une hausse des coûts sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement mondiale.

http://dx.doi.org/10.20506/bull.2020.1.3119

Références

  1. Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) (2019). – Perspectives de l’alimentation – Rapport semestriel sur les marchés alimentaires mondiaux. Mai 2019. Rome. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO.
  2. Rabobank (2019). – China’s recovery from African swine fever: Rebuilding, relocating, and restructuring

Informations relatives à l'article

  • Plan de travail sur l’antibiorésistance dans l’aquaculture

  • De nouvelles initiatives pour proposer des modules d’e-learning sur la santé des animaux aquatiques

  • Le réseau scientifique de l’OMSA pour la santé des animaux aquatiques