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Panorama PerspectivesLes vétérinaires ont un rôle à jouer pour prévenir le bioterrorisme et se préparer à y faire face

Perspectives Posté sur 2021-03-08 08:52:43

Les vétérinaires ont un rôle à jouer pour prévenir le bioterrorisme et se préparer à y faire face

Les forces de sécurité et les vétérinaires doivent coopérer en matière de défense contre les attaques microbiologiques délibérées

Auteurs

F. Ewann, Bioterrorism Prevention Unit, CBRNE and Vulnerable Targets Sub-Directorate, Counter-Terrorism Directorate, Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL).

Les désignations et dénominations utilisées et la présentation des données figurant dans cet article ne reflètent aucune prise de position de l’OIE quant au statut légal de quelque pays, territoire, ville ou zone que ce soit, à leurs autorités, aux délimitations de leur territoire ou au tracé de leurs frontières.
Les auteurs sont seuls responsables des opinions exprimées dans cet article. La mention de sociétés spécifiques ou de produits enregistrés par un fabricant, qu’ils soient ou non protégés par une marque, ne signifie pas que ceux-ci sont recommandés ou soutenus par l’OIE par rapport à d’autres similaires qui ne seraient pas mentionnés.

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Le spectre du bioterrorisme va grandissant à cause de l’importante déstabilisation que la récente apparition de nouvelles maladies infectieuses a entraînée un peu partout [1]. C’est pourquoi il est dès maintenant fondamental d’élaborer des stratégies de prévention contre la propagation intentionnelle de maladies et d’établir des plans d’intervention pour faire face à toute éventualité. Compte tenu de l’impact des maladies sur l’homme et sur les animaux il est crucial que les gouvernements adoptent une approche « Une seule santé » dans tous les aspects de la prévention, la préparation et la riposte face à de tels incidents [2]. Pourtant, à ce jour, rares sont les pays qui se sont véritablement préoccupés de savoir si leurs Services vétérinaires étaient préparés à repérer les incidents sanitaires liés à l’agro-criminalité et à l’agro-terrorisme ni s’ils étaient préparés à coordonner leur action avec celle des forces de l’ordre.

Cette démarche est en bonne voie pour ce qui concerne les services de santé publique, mais il devrait en être de même avec les services de santé animale. En effet, on constate de graves insuffisances en ce qui concerne, d’une part, la place accordée aux vétérinaires dans les activités opérées sous la direction des forces de sécurité, et d’autre part, la capacité des différentes administrations à coopérer efficacement pour gérer ce type d’incidents.

Les principales raisons des difficultés de coopération entre les services de sécurité et les services de santé animale

Pour générer la résilience nécessaire en cas de propagation intentionnelle d’une maladie, il est impératif d’inclure de plein droit les vétérinaires dans le processus de réponse sanitaire, même lorsqu’aucun animal n’est directement impliqué dans l’incident.

Bien qu’il existe, dans la lutte contre la criminalité, un certain degré de coopération entre le secteur chargé de l’application des lois et le secteur vétérinaire, ces deux secteurs sont guidés par une approche très différente. De ce fait, la coopération est souvent entravée par un manque de compréhension des rôles, responsabilités et contraintes des deux parties, qui s’ajoute à un manque de connaissance de la façon dont chacun de ces secteurs peut aider l’autre à atteindre leur objectif commun, à savoir : protéger la santé, présente et à venir, des individus. Cet objectif primordial devrait être suffisamment incitatif pour surmonter les écueils et rapprocher ces deux communautés (Figs. 1, 2, 3).

Engager le dialogue entre l’administration vétérinaire et les forces de sécurité

En Guinée, le projet RHINO (projet d’INTERPOL destiné à renforcer les moyens de ses pays membres pour contrer les menaces biologiques) [3] a entrepris de créer les conditions de ce dialogue nécessaire entre l’administration vétérinaire et les services de sécurité, les deux secteurs étant appelés à collaborer au sein d’une stratégie « tous risques » afin d’être en mesure de faire face à l’apparition de foyers de maladies.

La compréhension du mandat des uns et des autres et du bénéfice à tirer de leur coopération constituait la pierre angulaire d’une confiance mutuelle, condition préalable à une résilience face aux situations d’urgence zoosanitaire. Les formations menées en commun, les formations trans-sectorielles, et la participation à des exercices conjoints, ont consolidé ce processus en démontrant l’intérêt d’une approche pluri-institutionnelle en cas d’incident, même mineur (Figs. 4, 5). Cependant, la résilience, sous la forme d’une pérennisation des réseaux mis en place grâce à ce projet, dépend également d’un soutien politique fort. Or les gouvernements ne peuvent assurer ce soutien que s’ils ont une bonne connaissance de l’approche « Une seule santé », qu’ils comprennent son importance et qu’ils s’engagent à la mettre en œuvre.

Visionnez la vidéo d’INTERPOL sur le projet RHINO
panneau attention
Fig. 1. Rôles et responsabilités des forces de l’ordre et des services vétérinaires lors d’un incident biologique. © INTERPOL
poignée de mains
Fig. 2. Coopération entre services de sécurité et services de santé animale : les écueils. © INTERPOL
chien & chameau
Fig. 3. Coopération entre services de sécurité et services de santé animale : les solutions. © INTERPOL | Photo de droite : CDC/Unsplash
Fig. 4. Forces de l’ordre et services vétérinaires réunis pour une session de formation sur l’utilisation et les limites des équipements de protection individuelle en intervention d’urgence. © INTERPOL
Fig. 5. Exercice d’entraînement en commun pour faire face à des incidents intentionnels impliquant des substances biologiques nocives pour les animaux. © INTERPOL
http://dx.doi.org/10.20506/bull.2020.2.3147

Références

  1. Nations Unies (2020). – Secretary-General’s remarks at the opening of the Virtual Counter-Terrorism Week United Nations [as delivered] (consulté 22 août 2020).
  2. Carlin E.P., Machalaba C., Berthe F.C.J., Long K.C. & Karesh W.B. (2019). – Building resilience to biothreats: an assessment of unmet core global health security needs. EcoHealth Alliance (consulté 26 août 2020).
  3. Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) (2020). – Bioterrorisme : Renforcement des capacités et formation (consulté 22 août 2020).

Informations relatives à l'article

  • Plan de travail sur l’antibiorésistance dans l’aquaculture

  • De nouvelles initiatives pour proposer des modules d’e-learning sur la santé des animaux aquatiques

  • Le réseau scientifique de l’OMSA pour la santé des animaux aquatiques